Term : L’Égypte saisit le navire qui avait bloqué le canal de Suez. Retour sur une histoire hors norme.
Le canal, long de quelque 290 kilomètres, une voie essentielle par laquelle transite 13 % du commerce mondial de biens, est une manne essentielle pour l’économie égyptienne. Avec un chiffre d’affaires annuel proche de 5 milliards de dollars, il constitue, avec le pétrole et le tourisme, un secteur aujourd’hui dévasté par les attentats et le Covid-19, l’une des grandes sources de revenus du pays. Chaque jour de fermeture entraînait entre 12 et 14 millions de dollars de pertes, a estimé l’Autorité du canal, précisant que 19.000 navires l’ont emprunté en 2020.
Les autorités égyptiennes réclament 900 millions de dollars de dédommagement au propriétaire japonais du porte-conteneurs qui avait interrompu le trafic du canal de Suez fin mars. L’Ever Given ne sera libéré qu’une fois la somme payée.
Paradoxal ? Alors que l’Égypte se démenait il y a quelques semaines pour désensabler l’Ever Given du canal de Suez, les “autorités ont décidé qu’il n’avait pas le droit de sortir du pays”, relève le Washington Post, jugeant qu’il s’agit là de “l’ultime complication d’un voyage malheureux”, pour le navire qui avait bloqué cet axe de navigation majeur en mars.
L’Égypte exige des propriétaires de l’Ever Given 900 millions de dollars de dédommagement pour les six jours d’interruption du trafic maritime, rapportait mardi 13 avril le quotidien égyptien Al-Ahram.
Les autorités qui enquêtent sur les circonstances ayant conduit à l’échouage de l’Ever Given englobent dans cette somme “les pertes de revenus des navires qui auraient normalement traversé le canal pendant cette période”, explique le Washington Post, ainsi que les dépenses engagées en équipement et en main-d’œuvre dans “la course de cent quarante-quatre heures menée pour libérer le navire”.
Mercredi, l’Autorité du canal de Suez avait annoncé qu’elle révélerait jeudi 14 avril le résultat de ses investigations, explique le quotidien égyptien Al-Youm Al-Sabee.
“L’Égypte ne libérera pas le porte-conteneurs géant avant que ses propriétaires n’aient accepté de payer près de un milliard de dollars d’indemnisation”, résume le Wall Street Journal. Une forme de chantage que le pays assume.
Retour sur une histoire peu commune :
En image satellite via le compte twitter de AirbusSpace
Grace aux images satellites de l’ESA EarthObservation on peut se rendre compte de l’embouteillage causé par l’Ever Given : sur les photos ci-dessous, a gauche le trafic maritime normal, à droite l’embouteillage créé par le porte conteneur japonais et la flotte de bateaux attendant de pouvoir entrée dans le canal (la position de l’Ever Given est mentionnée sur le canal)
Le navire de la société Ever Given a été remis à flot le lundi 29 mars en milieu d’après-midi.
Trois jours et demi pour résorber l’embouteillage
Selon la revue spécialisée britannique Lloyd’s List, le blocage du canal a créé un embouteillage de 425 navires qui attendaient lundi matin de pouvoir franchir ce goulot d’étranglement du commerce maritime mondial reliant la mer Rouge à la Méditerranée.
Il faudra “trois jours et demi environ” pour tout résorber, a prévenu Ossama Rabie, président de l’Autorité du canal (SCA), sur la chaîne locale de télévision Sadaa al-Balad. Il a ajouté que la voie d’eau allait fonctionner “24 heures sur 24, immédiatement après le renflouement du navire”.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi n’a pas attendu la fin du renflouement pour se féliciter en fin de matinée d’une opération “réussie”, alors que le célèbre canal est une importante source de revenus pour son pays.
“Aujourd’hui, les Egyptiens ont réussi à mettre fin à la crise du navire échoué dans le canal de Suez, malgré l’énorme complexité technique entourant ce processus”, a tweeté Sissi.
Article en lien avec le thème de géographie Mers et Oceans pour les élèves de Terminale et avec le chapitre Mers et océans : un monde maritimisé pour les élèves de 4ème
Sources : Courrier Internationnal / Le Figaro / France 24 / ESA_EO/ AirbusSpace / Twitter / Huffington Post