Chronique : Un été d’espoir et de sang
Pierre-Louis Roederer est l’un des principaux acteurs du dernier été de la monarchie qu’il dépeint ici avec une objectivité et une précision rares. Sa chronique court de la première invasion des Tuileries, le 20 juin 1792, à la journée du 10 août suivant, celle de l’assaut au Palais-Royal, du massacre des Suisses et de la suspension du roi bientôt enfermé au Temple. Ce jour-là, Roederer est aux premières loges, aux côtés de la famille royale, et c’est lui qui la conduit à l’Assemblée pour, croit-il, la sauver et sauver la Constitution. Or, le piège se referme sur le monarque à la fois faible et dépassé par les événements. La Révolution change de cours et bascule dans la Terreur. Proche de La Fayette et des Girondins, Roederer nous raconte ces cinquante jours qui voient la montée des extrêmes, la manipulation des sans-culottes, la passivité des modérés trop divisés pour agir efficacement, la politique du pire menée par la Cour et, pour finir, le saut dans l’inconnu de toute une société. Un été qui commence dans l’espoir et s’achève dans le sang. Un témoignage historique d’envergure qui est aussi une leçon à méditer.
Né à Metz, le 15 février 1754.
Avocat et conseiller au parlement de Metz, il fut député aux États généraux en octobre 1789 et n’était pas au Jeu de Paume; le 10 août 1792, il accompagna la famille royale à l’Assemblée ; il se cacha pendant la Convention ; lieutenant de Sieyès, journaliste pendant la Révolution ; il dut à Talleyrand d’avoir été rayé de la liste des déportés au 18 fructidor.
Il prépara, avec Sieyès et Talleyrand, Regnaud et Volney, le 18 brumaire et fut ministre des Finances de Joseph Bonaparte à Naples en 1806, conseiller d’État et sénateur sous l’Empire, pair de France en 1832.