Par Alicia, Antoine et Théophile (16)
La face cachée de la prostitution
Le sexe parisien était réputé plus classe que celui des autres maisons européennes. Plus sain d’abord, avec des filles contrôlées chaque semaine par des médecins, et de meilleure qualité, apprécié pour ses « cocottes » méticuleusement choisies par une clientèle aristocratique et bourgeoise.
Derrière l’image de ce Paris léger et frivole qui attirait des grands noms du monde entier, dont le plus célèbre fut sans doute le fils de la reine Victoria Édouard VII, se cachait une autre réalité. Celle des quartiers populaires où les hommes faisaient la queue devant les « maisons de tolérances » autorisées par l’État qui attendaient, parfois le ticket numéroté à la main, de goûter aux plaisirs d’une prostituée, laquelle pouvait endurer jusqu’à 60 passes par jour.
Une pratique si répandue qu’elle en était presque banale, et qui contribuait aux charmes singuliers qui faisaient la renommée internationale de Paris.
C’est pour cet aspect ci que nous avons voulu parler de la cause des prostituées.
Derrière le nom enchanteur de « belle époque », les hommes ont profité de ces femmes dans la plus grande légalité. On comptait à Paris, en 1897, 4 000 prostituées inscrites sur les registres de la police, et on évalue à 30 000 le nombre des insoumises. L’administration ne connaît, en effet, que deux catégories de prostituées : les filles soumises et les insoumises. Elle protège les premières à qui elle donne une carte leur permettant d’exercer leur métier officiellement. Quant aux secondes, le rôle de la police des mœurs est de les pourchasser, de les empêcher, par tous les moyens possibles, de se soustraire au contrôle de la visite sanitaire. » Les insoumises devaient donc travailler dans l’illégalité et la peur. Bien que la prostitution fut abolie en 1946, on retrouve les mêmes problématiques aujourd’hui avec de nombreuses jeunes femmes, parfois mineures, se prostituant illégalement pour subvenir à leurs besoins, et « prises en otage » par leur proxénète. Cette question est donc toujours actuelle.