HGGSP – FILMS : faire le lien “la conférence” et “le fils de Saul”
A l’origine de la “solution finale”, la conférence de Wannsee est retracée dans le film “La Conférence”. Il est intéressant de pouvoir faire le lien entre les décisions prises en huis clos par quelques dignitaires allemands et l’effroyable réalité qu’elles ont instauré.
Bande annonce : La conférence
Le fils de Saul, voir pour mieux savoir ?
Inspiré des manuscrits d’Auschwitz, le film imagine un membre des Sonderkommandos, qui dit reconnaître le corps de son fils parmi les victimes. Le choix d’une image floue autour du protagoniste, évitant l’obscénité des scènes, cohabite avec le réalisme du son, et les visions oniriques de Saul.

Le film a réconcilié deux voies, incarnées par deux voix qui se sont fait entendre : celle de Claude Lanzmann et celle de Georges Didi-Huberman. Le premier, gardien du temple de l’irreprésentabilité de la Shoah, a adoubé le film à Cannes, le présentant comme « l’anti-Liste de Schindler ».Quant à Georges Didi-Huberman […], il a [écrit à] László Nemes : « Votre film est-il autre chose qu’une fiction ? Non, bien sûr. Mais c’est une fiction aussi modestement qu’audacieusement accordée au réel historique très particulier dont elle traite. D’où l’épreuve à la découvrir. […] Vous avez pris le risque de construire un certain réalisme face à une réalité souvent qualifiée d’inimaginable. » Dans cette lettre, intitulée Sortir du noir et aujourd’hui publiée par les éditions de Minuit, l’historien de l’art tente de mettre en mots le trouble qu’il a ressenti en voyant cette œuvre cinématographique, chambre d’écho à ses propres travaux : « Bien qu’ayant traversé les mêmes sources que vous, les images et les cris de votre film m’ont laissé sans défense, sans savoir protecteur. Ils m’ont pris à la gorge de plusieurs façons », confie le penseur. […] Voir pour mieux savoir, c’est ce que fait Le fils de Saul, qui met en scène la folle rébellion d’un personnage : vouloir « sauver un mort ».
Juliette Cerf, « Le fils de Saul, ou comment rendre visible l’inimaginable », Télérama, 1er février 2018.