HGGSP : Rithy Panh, cinéaste de la mémoire cambodgienne,
Rithy Panh (né au Cambodge en 1964).
Rescapé des camps de travail du régime khmer rouge, Rithy Panh y a perdu ses parents et une partie de sa famille. Réfugié en France en 1980, il se forme au cinéma et consacre son œuvre à la mémoire des crimes commis sous la dictature. Ses films composent un mémorial du génocide cambodgien. Avec S21, la machine de mort khmer rouge (2002), il décrit le processus d’extermination et il appelle au devoir de mémoire et à une justice du génocide. En 2012 Rithy Panh poursuit son enquête documentaire en recueillant le témoignage direct du Duch : « il s’agit pour le peuple cambodgien de se réapproprier son identité et ses racines ».
Bande annonce du documentaire :
Entretien avec Rithy Panh à l’occasion de la parution de son livre co-écrit avec Christophe Bataille “La paix avec les morts” (voir après)
Roman. La paix avec les morts, Rithy Panh et Christophe Bataille

« Une petite fille nous aborde : Qu’est-ce que vous cherchez ? Elle a un regard joueur et curieux, je lui explique. Ici, il y a des années, sous le régime khmer rouge, c’était un hôpital, et j’ai enterré de très nombreux corps dans des fosses. Puis l’eau a englouti ce lieu, et on a bâti des maisons. Elle joue avec un petit bout de bois, un peu gênée : Je sais. On dort sur les morts. La nuit, parfois, on les entend parler. J’insiste un peu : Mais tu as peur ? Elle sourit : Non, on n’a pas peur, on les connaît. »
C’est à un voyage hors du commun que nous convient Rithy Panh et Christophe Bataille, huit ans après leur livre L’élimination – un voyage vers l’enfance et vers les rizières où furent tués, par l’idéologie, la faim et la violence, 1,8 millions de Cambodgiens. Le grand cinéaste cherche les lieux où furent enterrés les siens : le tombeau de son père, dans la glaise ; la fosse où furent englouties sa mère et ses sœurs. Mais aussi le grand banyan où il s’abrita, désespéré, à treize ans, avec ses bœufs – sur cette colline, les khmers rouges n’osaient pas s’aventurer.
Rithy Panh et Christophe Bataille roulent à travers le pays, s’arrêtent, parlent avec les bonzes, questionnent les villageoises âgées, grattent la terre et trouvent des ossement, des tissus ensanglantés. L’oubli guette, et la négation. Et Rithy Panh poursuit son chemin, cherchant la paix avec les morts et tissant un rapport unique avec les vivants, qu’il côtoie, victimes, bourreaux, complices, anciens cadres khmers rouges : le travail de connaissance ne cesse pas, à hauteur d’hommes.
D’une conversation écrite avec Noam Chomsky à des échanges avec le père Ponchaud, d’un entretien avec Robert Badinter aux lettres enfantines rangées dans une sacoche de cuir, d’une méditation sur l’idéologie aux visites aux femmes-devins, les auteurs nous offrent un grand livre.
ATELIER RECHERCHE :
Le mémorial de Tuol Sleng à Phnom Penh : enjeux politiques et controverses mémorielles.